samedi 7 novembre 2009

Souvenir Ils sont morts pour notre Liberté


Il me semble important, pour célébrer la journée du souvenir de l'armistice de la guerre de 1914-1918, d'avoir en mémoire le sacrifice de nos glorieux aînés mort pour notre liberté.
C'est grâce à l'aide de mon ami Roger Bounet, qui possède un livre précieux, que j'ai pu écrire ces quelques lignes de reconnaissance. Ce document rare, aujourd'hui introuvable, a été édité en 1930 par l'imprimerie Henri Cléder, 28 rue de la Pomme à Toulouse.
Il s'agit d'un livre qui a été publié par l'Association des Anciens Combattants de Montjoire avec le concours de la Municipalité de l'époque. En voici l'introduction:
"1930 L'Association des anciens combattants de Montjoire a voulu graver le souvenir des faits d'armes des habitants de la commune qui ont été mobilisés pendant la grande guerre de 1914-1918 et des jeunes soldats qui ont obtenu la carte de combattant dans les opérations militaires qui ont suivi cette guerre. Ils ont publié ce Livre d'Or avec le concours de la Municipalité. C'est un souvenir des années tragiques qu'ils ont vécues, des efforts qu'ils ont fait pour contribuer à la Victoire, car ils avaient l'espoir qu'ils éviteraient de pareilles horreurs à leurs descendants, et que ce serait la dernière des guerres.
La commune de Montjoire comptait 608 habitants en 1914, dont 3 étrangers (italiens). Il y a eu 124 mobilisés, dont 23 sont morts. Deux monuments ont été érigés par souscription publique et subvention municipale, à la mémoire des morts: l'un dans l'église, l'autre dans le cimetière. L'inauguration a eu lieu le 24 octobre 1920, avec le concours de la Municipalité, M. Mercadier Jean Baptiste étant maire; du clergé, M. Portes étant curé; des enfants des écoles conduits par Mme. Redonnet, institutrice; des anciens combattants et mobilisés, des veuves et orphelins de la guerre et de toute la population. Une concession à perpétuité a été donnée au cimetière, aux pieds du monument, pour les tombes des morts de la guerre. Une plaque a été apposée dans l'école pour commémorer la mort glorieuse de M. Redonnet, instituteur."
En souvenir des 23 Montjoviens morts pour la Liberté, notre Liberté.
Bosc célestin, 20 ans, né à Montjoire le 12/09/1885. Blessé mortellement d'une balle le 12 janvier 1915 au bois des Chevaliers, près de troyon (Meuse)
Marty Louis, 21 ans, né à Montjoire le 27/09/1894. Blessé mortellement le 30 janvier 1915 à Zillebecke (Belgique) d'une balle au thorax en allant porter des fils de fer barbelés aux tranchées de premières lignes.
Lafon Antonin, 23 ans, né à Montjoire le 30/04/1892. Mort sur le champ de bataille de saint Laurent Blangy près d'Arras (Pas de calais) le 30 mai 1915.
Marty Joseph, 19 ans, né à Mirepoix le 28/08/1894. Arrivé au front le 22 mars, blessé grièvement est décédé le 14 mai 1915.
Cayrou Léon, 28 ans, né à Montjoire le 10/11/1887. Bléssé mortellement à la tête par un éclat d'obus le 7 juin 1915 au cours d'un combat d'artillerie à Vermelles (Pas de calais). Décédé des suites de ses blessures le 21 juin 1915.
Bonnet jean Marie, 22 ans, né à Montjoire le 11/11/1893. Mort sur le champ de bataille à Ecoivres le 30 janvier 1916, tué d'un éclat d'obus.
Redonnet Bernard, 31 ans, né à Boutx (Haute Garonne) le 20/11/1885. Instituteur à Montjoire. Mort sur le champ de bataille de Verdun, à la ferme de la Madeleine, commune de Charny (Meuse) le 13 mars 1916 tué par un obus.
Plasse Jean, 21 ans, né à Montjoire le 18/10/1896. Blessé mortellement le 29 avril 1917 à Berry au Bac d'un éclat d'obus au crâne. Décédé le 6 juin 1917 des suite de ses blessures.
Clamens Sylvain, 26 ans, né à Montjoire le 20/07/1891. Blessé mortellement le 2 août 1917 au bois d'Avaucourt (Meuse). Meurt sur le champ de bataille.
Timbal Marcel, 28 ans, né à Montjoire le 04/12/1890. Tué le 30 mai 1918 au combat de Vierzy Longpont (Aisne) par éclats d'obus. Mort sur le champ de bataille. Croix de guerre (deux étoiles de bronze) avec deux citations.
Villa jean, 27 ans, né à Montjoire le 26/05/1879. Mort sur le champ de bataille tué par un obus au bois Fumin le 4 juin 1916.
Bonnet Germain, 40 ans, né à Montjoire le 26/04/1874. Tué d'une balle le 16 décembre 1914 au bois des Chevaliers, près de Troyon (Meuse).
Metche Germain, 20 ans, né à Paulhac 5Haute Garonne) le 12/09/1898. Décédé le 16 janvier 1918 de maladie contractée aux Armées.
Metche Marius, 28 ans, né à Paulhac (haute Garonne) le 26/09/1890. Blessé mortellement par un éclat d'obus à la tête lors de l'offensive de Champagne en juillet 1918. Décédé le 29 juillet 1918 des suites de ses blessures. Croix de guerre avec deux citations.
Bergail Raymond, 22 ans, né à Bessières le 02/05/1896. Mort le 3 juin 1918 sur le champ de bataille de Nouvron-Vingré (Aisne). Croix de guerre (Etoile de bronze) avec citation.
Constans Lucien, 20 ans, né à Montjoire le 06/01/1898. Tué par un éclat d'obus au cours de l'avance française le 20 juillet 1918 à macogny près de Neuilly Saint Front (Aisne). Mort sur le champ de bataille.
Aussal Jean, 42 ans, né à Bonrepos (Haute Garonne) le 25/11/1877. Après toute la campagne au front sans blessure, est mort le 12 janvier 1919 de grippe contracté aux Armées.
Pendaries Clément, 25 ans, né à Montjoire le 13/08/1892. Décédé le 12 décembre 1917 des suites de maladie contractée aux Armées.
Fourès Louis, 36 ans, né à Saint Loup (Haute Garonne) le 18/03/1879. Tué en février 1915 dans la région de Perthes les Hurlus (Marne). Mort sur le champ de bataille.
Bousquet Jean Marie, 22 ans, né à Montjoire le 08/06/1892. Disparu depuis le 10 novembre 1914.Il est présumé mort sur le champ de bataille Jolibert Victor, 32 ans, né à Montjoire le 23/12/1883. Disparu depuis le 8 décembre 1915 à Tahure en Champagne. Il est présumé mort au combat.
Soldadié Maurice, 21 ans, né à Montjoire le 28/05/1893. Disparu en octobre 1914 au cours des combats en Belgique, probablement à Hyschootte. Il est présumé mort au combat.
Pendaries Maximin21 ans, né à Montjoire le 13/05/1880. Disparu le 25 septembre 1915 au cours de l'offensive de Champagne. Il est présumé mort au combat.
Ils sont morts pour notre Liberté.

1 commentaire:

  1. "VERRE D'EAU"

    On l'appelait ironiquement "Verre d'eau".

    Auguste était un vieil ivrogne sans nom.

    Hydraté dès le lever avec la pire des piquettes, la matinée se terminait invariablement dans une noyade de tonnerre et de feu, la grosse gnôle prenant vite le relais des p'tits canons...

    A travers cette voluptueuse agonie de sa conscience le buveur nageait, tour à tour hilare, hébété, larmoyant, dans ce qui semblait être son véritable élément : un univers sinistre d'amnésie tranchante et de gaité frelatée.

    Soixante-cinq ans que cela durait. Une existence entière vouée à l'ivrognerie la plus crasse.

    L'on s'étonnait d'ailleurs que "Verre d'eau" fût encore de ce monde après cette longue vie arrosée des pisses de Bacchus.

    Mais il était solide l'Auguste ! Faut-il qu'il y ait un Dieu pour les assoiffés sans fond... Il est vrai qu'il avait survécu aux tranchées de la "14". A le voir ainsi, lamentable, abreuvé d'indignité, dégueulant son ivresse, qui l'eût cru ?

    Après avoir traversé l'enfer de la Grande Guerre, qu'est-ce qui aurait donc pu l'abattre ? Pour ce passé héroïque on pouvait bien lui pardonner son vice, au vieil Auguste... Son statut de vétéran le maintenait malgré tout en estime dans le coeur de ses concitoyens navrés de le voir chanter ses "gnôleries" du matin au soir.

    Lui, ne parlait jamais des tranchées. Soûl à toutes heures de sa vie, comment aurait-il pu tenir une conversation cohérente sur quelque grave sujet ? Même lors des commémorations annuelles, il recevait l'accolade du maire l'haleine chargée de tous les alcools du diable... Se souvenait-il encore au moins de sa jeunesse dans la boue des combats ?

    "Verre d'eau" finit par mourir dans un dernier hoquet désespéré dédié à la vigne qui, depuis l'âge de vingt-deux ans, l'avait aidé à vivre.

    A oublier surtout.

    Il buvait comme un trou depuis l'âge de vingt deux ans... C'était en 1818, la fin de la guerre. Celui que désormais on allait bientôt surnommer malicieusement "Verre d'eau" venait d'être démobilisé. Vingt-deux ans et déjà toute l'horreur des tranchées dans le regard.

    Pauvre "Verre d'eau" ! Homme pitoyable, misérable, lamentable, mais surtout âme sensible brisée en pleine jeunesse, nul ne saura jamais son secret d'ivrogne.

    On inhuma bien vite le défunt sans famille.

    Nul ne sut que ce sobriquet de "Verre d'eau" sonnait aussi juste chez lui, deux syllabes lourdes comme le son du glas, sombres tel le chant fatal de l'airain...

    "Verre d'eau" : des sons clairs et sereins si proches des sons de l'enfer. Des sons qui, ironie du destin, rappelaient son drame, poignant.

    Car le drame de "Verre d'eau" c'était...

    Verdun.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

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